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route ; puis cela devient pastoral, avec un air d’autrefois.

De temps en temps, des villages, nichés dans la verdure. Alentour, des gens travaillent la terre : paysans vêtus de longues robes en coton de teinte sombre, ou bien tout nus montrant leur corps jaune ; hommes et femmes à grands cheveux, pareillement coiffés d’un mouchoir bleu clair noué en fanchonnette sous le menton. Aux abords des villages, une prodigieuse quantité de bébés, accourant avec de gentils sourires, pour nous voir et nous faire déjà des révérences de cérémonie. Petites figures de chats ; petites têtes comiques, rasées par places en manière de jardin anglais, une plate-bande de cheveux au-dessus de chaque oreille, et, vers la nuque, d’autres ronds-points d’où partent des queues impayables. Toutes les petites filles, dès qu’elles ont sept ou huit ans, portent, à cheval sur les reins, un frère cadet qu’elles trimbalent, secouent, dans leurs jeux et leurs courses, et qui rit ou qui dort sans jamais crier. Le bébé est attaché sur le petit dos de la sœur aînée par des bandes d’étoffe, attaché si bien que les deux minois semblent appartenir au même personnage ; — Yves imagine, pour les désigner, cette appellation que je n’aurais pas trouvée : des enfants à deux têtes.

Devant les maisons, il y a des jardinets très soignés, entourés de haies bien taillées, bien cor-