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namment trapus et tout en muscles, attelés comme des bœufs à de lourdes charretées de pierres. Et des défilés de gens du peuple, portant, sur des bâtons, des ballots de riz, des ballots d’étoffe, des caisses de porcelaine ; d’énormes potiches pour l’exportation, cheminant en cortège, à dos humain, chacune emmaillotée dans un étui de paille comme nos bouteilles de Champagne. — Tout le mouvement, toute la vie d’une grande artère commerciale, dans le plus bizarre des pays du monde.

Après une première heure de voyage, nous quittons ce « Tokaïdo » pour entrer dans des campagnes tranquilles, par des sentiers où nos coureurs sont forcés de ralentir leur allure folle.

Engagés maintenant dans une série de petites allées qui se succèdent toutes pareilles, nous suivons les sinuosités de ces espèces de couloirs de verdure, ayant partout et constamment notre horizon fermé par des collines boisées, dont les formes gracieuses se répètent indéfiniment, toujours semblables. Les bois sont d’un beau vert, à peine rougi çà et là par l’automne. Le long du sentier, toujours des rizières et des champs de mil, ou bien des vergers dont les arbres, tous d’une même essence particulière au Japon, sont chargés de fruits d’une belle couleur d’or.

Plus nous nous avançons dans ce pays, plus cela devient calme, après l’agitation de la grande