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En somme, une fête très gaie et très jolie, que ces Japonais nous ont offerte là avec beaucoup de bonne grâce. Si j’y ai souri de temps en temps, c’était sans malice. Quand je songe même que ces costumes, ces manières, ce cérémonial, ces danses, étaient des choses apprises, apprises très vite, apprises par ordre impérial et peut-être à contrecœur, je me dis que ces gens sont de bien merveilleux imitateurs et une telle soirée me semble un des plus intéressants tours de force de ce peuple, unique pour les jongleries.

Cela m’a amusé de noter, sans intention bien méchante, tous ces détails, que je garantis du reste fidèles comme ceux d’une photographie avant les retouches. Dans ce pays qui se transforme si prodigieusement vite, cela amusera peut-être aussi des Japonais eux-mêmes, quand quelques années auront passé, de retrouver écrite ici cette étape de leur évolution ; de lire ce que fut un bal décoré de chrysanthèmes et donné au Rokou-Meïkan pour l’anniversaire de la naissance de Sa Majesté l’empereur Muts-Hito[1], en l’an de grâce 1886.

  1. Pour ne blesser aucun des personnages, j’ai changé tous les noms, excepté celui de l’empereur Muts-Hito.