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du bal s’écoule vite ; la fin approche, car on se retirera de bonne heure.

Çà et là, dans les coins, des choses comiques se passent. Ici, deux officiers généraux, claque sous le bras et pantalon à bande d’or, s’abordent et s’oublient jusqu’à se saluer à la japonaise, les mains sur les genoux, le corps plié en deux, avec le sifflement spécial qu’il est d’usage de faire du bout des lèvres dans ces occasions-là. Ou bien deux élégantes toilettes un peu Louis XV, à long buste, qui sont en train de se dégosarimasser des compliments sans fin, se font après chaque phrase des révérences qui s’accentuent de plus en plus, jusqu’à devenir le plongeon du vieux style.

Étonnées, égarées, rôdant au milieu des salons avec des allures de linottes effarouchées mais rieuses quand même, il y a deux ou trois petites Nippones, vraies mousmés, encore en costume national ; — non pas dans le rigide costume de cour, mais dans le costume ordinaire, celui qu’on a vu partout sur les potiches et les éventails : tunique ouverte à manches pagodes, coiffure en grandes coques, sandales de paille et chaussettes à orteil séparé. Très mignonnes, celles-ci, jetant une jolie drôlerie exotique dans l’ensemble de cette immense farce officielle.

Minuit et demi. C’est ma troisième et dernière valse avec ma petite danseuse à bouquets pompa-