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très haut ; en une seconde, toutes les nuances de la surprise passent dans son regard, et puis elle penche vers l’autre le large écran noir de sa tête et lui traduit l’étonnante chose que j’ai demandée. — Sourires, — et leurs deux paires d’yeux étranges se relèvent vers moi. Très gracieuse, très gentille malgré mon audace, celle qui parle français me remercie, expliquant que sa compagne, pas plus qu’elle-même, ne sait nos danses nouvelles. C’est probablement la vérité ; mais cette raison n’est pas la seule : le décorum s’y oppose complètement, je le savais. Je le conçois d’ailleurs, car je me figure tout à coup ce camail de prêtre, cette tête énorme, ce catogan, s’avançant en dame seule dans une contredanse sur un air guilleret d’Offenbach, et cette vision rapide me fait rire en moi-même comme une extrême incohérence…

Il ne me reste qu’à m’incliner profondément, en salut de cour. Les deux larges écrans de cheveux noirs s’inclinent aussi, avec de bienveillants sourires, avec des frou-frous de soie, — et je me retire sur cette défaite, regrettant de ne pouvoir continuer la conversation avec la dame interprète dont le son de voix et l’expression d’yeux m’ont charmé.

Les danses se succèdent, les quadrilles français alternant avec les valses allemandes. Et le temps