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le déploiement de la vallée pleine de morts. Des tombes et des tombes, semées à l’infini, pierres pareilles, innombrables comme les cailloux des plages, — et avec de tels airs d’abandon, de définitif oubli, qu’il semble impossible qu’une résurrection vienne jamais les rouvrir. Tout ce lieu, ce matin, sous son tapis éphémère d’herbes et de fleurs, manifeste lugubrement l’irrévocable de la mort et le triomphe de la poussière…



Maintenant nous descendons sous le Haram-ech-Chérif — car, dans toute la partie qui surplombe la vallée de Josaphat, cette plaine déserte est factice, soutenue en l’air par une substructure géante, par un monde de piliers et d’arceaux. Et c’est le roi Salomon qui, en ses conceptions grandioses d’homme des vieux temps, imagina d’augmenter ainsi l’esplanade du temple pour la rendre plus magnifique.

Sortes de catacombes aux séries d’arcades parallèles, aux voûtes frangées de stalactites, les dessous du Haram-ech-Chérif donnent la mesure de l’énormité des œuvres du passé, de leur puissance en comparaison des nôtres.

À l’époque des croisades, ces souterrains de Salo-