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Tout au fond de l’immense place, s’ouvre, parmi de vieux cyprès, une autre mosquée millénaire et très vénérée en Islam, — El Aksa (la Mosquée Éloignée), — dont les colonnes et les chapiteaux disparates proviennent aussi de la destruction de temples païens ou d’églises chrétiennes des premiers siècles. À l’époque des croisades, elle donna son nom aux chevaliers qui l’occupaient : les Templiers. Si belle qu’elle soit d’une façon absolue, nous ne pouvons plus l’admirer, après cette inimaginable mosquée du Rocher, d’où nous venons de sortir.

Maintenant, nous errons sur l’herbe triste et sur les larges pierres blanches, au beau soleil de cette matinée de printemps, — petit groupe perdu dans les solitudes de ce lieu très saint. Par places, les dalles sont absentes, alors les foins et les fleurs poussent librement comme dans une prairie. Et, autour de la mosquée couleur de turquoise, se groupent, s’arrangent différemment, au hasard de notre promenade, les petits édicules singuliers qui l’entourent, le kiosque bleu, les mirhabs et les arcs de triomphe de marbre, les quelques oliviers caducs et les quelques grands cyprès mourants. Quelle im-