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touffement de cette coupole d’or et de ces murailles merveilleuses, bâties pour elle seule…



Aux débuts encore hésitants de l’Islam, cette mosquée, visitée en songe par Mahomet, rivalisait avec la sainte Ka’ba, et c’est vers son rocher noir que se tournaient pendant leurs prières les musulmans primitifs. Aujourd’hui encore, l’esplanade qui l’entoure, toute cette enceinte grandiose et déserte du Haram-ech-Chérif, dont les sentinelles turques gardent les portes, est considérée par les Arabes comme le lieu le plus saint de la terre, après la Mecque et Médine ; jusqu’au milieu de notre siècle, elle était si farouchement défendue, qu’un chrétien aurait joué sa vie en essayant d’y pénétrer, et c’est depuis quelques années seulement que l’accès en est ouvert aux hommes de toutes les religions, — en dehors de certains jours consacrés, et à la condition d’être accompagné d’un janissaire porteur d’un permis du pacha de Jérusalem. — Les juifs cependant, par crainte religieuse, n’y viennent jamais ; jadis, c’était le temple du Seigneur, et ils redoutent de marcher sans le savoir sur le lieu du Saint des Saints dont la position n’est pas exactement définie.