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sous ses voûtes… C’étaient, chaque fois, de ces constructions géantes, confondant nos imaginations modernes, qui coûtaient le prix d’un empire et dont on retrouve dans la terre les bases presque surhumaines. Après l’anéantissement de Jérusalem par Titus, un temple de Jupiter, élevé sous le règne d’Adrien, remplaça le temple du Seigneur. Plus tard, les chrétiens des premiers siècles, par mépris des juifs, couvrirent longtemps cette cime sacrée de débris et d’immondices, et ce fut le calife Omar qui la fit pieusement déblayer, sitôt qu’il eut conquis la Palestine ; son successeur enfin, le calife Abd-el-Melek, vers l’an 690, l’abrita pour une longue suite de siècles sous la mosquée charmante qui est encore debout.

À part le dôme, restauré au xiie et au xive siècle, les Croisés, en arrivant, trouvèrent cette mosquée à peu près telle qu’elle est aujourd’hui ; déjà vieille à leur époque autant que le sont à présent nos églises gothiques, elle était revêtue de ses inaltérables broderies de marbre et d’or, elle avait ses reflets de brocart, dont la durée est indéfinie, presque éternelle. Ils la convertirent en église, posant leur autel de marbre au centre, sur le rocher de David. Saladin ensuite, à la chute de l’empire des Francs, la rendit au culte d’Allah, après l’avoir longuement purifiée par des aspersions d’eau de roses.