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toute cette magnificence de conte oriental chatoie, miroite, étincelle dans la pénombre et le silence de ce lieu presque toujours vide, et entouré d’esplanades vides, où nous nous promenons seuls. Des petits oiseaux, familiers du sanctuaire, entrent et sortent par les portes de bronze constamment ouvertes, se posent sur les corniches de porphyre, sur les ors et sur les nacres, tolérés en amis par les deux ou trois vieux gardiens à barbe blanche, qui sont agenouillés et qui prient dans des recoins d’ombre. Par terre, sur les dalles de marbre, sont jetés des tapis anciens de Perse et de Turquie, aux teintes délicieusement fanées.



Tout le vaste milieu de cette mosquée circulaire, quand on entre, est d’abord invisible, entouré d’une double clôture, — la première en bois finement ouvragé, dans le genre des moucharabiehs arabes, la seconde en fer d’un travail gothique et mise là par les Croisés quand ils firent passagèrement de ce lieu une église du Christ. En se hissant sur quelque socle de marbre, on arrive à plonger les yeux dans cet intérieur si caché… Vu l’environnante splendeur, on s’attendait à de merveilleuses richesses encore, — et on s’épouvante presque devant ce qui apparaît : quel-