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Aux premiers instants, il y fait presque nuit : on ne perçoit que confusément la notion d’une splendeur féerique. Un éclairage très atténué tombe de ces vitraux, célèbres dans tout l’Orient, qui garnissent là-haut la série des petites fenêtres cintrées ; on dirait que la lumière passe à travers des fleurs et des arabesques en pierres précieuses montées à jours, — et c’est l’illusion sans doute qu’ont voulu produire les inimitables verriers d’autrefois. Peu à peu, s’habituant à la pénombre, on voit scintiller aux murailles, aux arceaux, aux voûtes, un revêtement qui semble une étoffe brodée et rebrodée de nacre et d’or, sur fond vert. Peut-être un vieux brocart à ramages, ou du précieux cuir de Cordoue, — ou plutôt quelque chose de plus beau et de plus rare que tout cela, qu’on définira mieux dans un moment, quand les yeux, éblouis de soleil sur les dalles de l’esplanade, se seront faits à l’obscurité de ce lieu très saint.

La mosquée, octogonale de contours, est soutenue intérieurement par deux rangées concentriques de colonnes : la première, octogonale aussi ; la seconde, circulaire, supportant le dôme magnifique.

Chacune de ces colonnes à chapiteaux dorés est d’une matière différente et sans prix : l’une, de marbre violet veiné de blanc ; l’autre, de porphyre