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faits de débris de toutes les époques de l’histoire et où, çà et là, s’encastrent une pierre hébraïque, un marbre romain. À mesure que nous avançons, tout devient plus en ruines, plus vide et plus mort, — jusqu’à ce saint quartier, d’une désolation infinie, qui renferme la mosquée et dont toutes les issues sont gardées par des sentinelles turques interdisant le passage aux chrétiens.

Grâce au janissaire, nous franchissons cette fanatique ceinture, et alors, par une série de petites portes délabrées, nous débouchons sur une esplanade gigantesque, une sorte de mélancolique désert, où l’herbe pousse entre les dalles comme dans une prairie où pas un être humain n’apparaît : — c’est le Haram-ech-Chérif (l’Enceinte Sacrée). — Au milieu, et très loin de nous, qui arrivons par un des angles de cette place immense, se dresse solitaire un surprenant édifice tout bleu, d’un bleu exquis et rare, qui semble quelque vieux palais enchanté revêtu de turquoises : c’est cela, la mosquée d’Omar, la merveille de l’Islam. Quelle solitude, grandiose et farouche, les Arabes ont su maintenir autour de leur mosquée bleue !

Sur chacun de ses côtés, qui ont au moins cinq cents mètres de longueur, cette place est bordée de constructions d’un aspect sombre, informes à force