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à présent dans la mort, que sa mémoire soit adorée quand même, pour son long mensonge d’amour, de revoir et d’éternité… Et que ce lieu soit béni aussi, ce lieu unique et étrange qui s’appelle le Saint-Sépulcre — même contestable, même fictif si l’on veut — mais où, depuis tantôt quinze siècles, sont accourues les multitudes désolées, où les cœurs endurcis se sont fondus comme les neiges, et où maintenant mes yeux sont près de se voiler dans un dernier élan de prière — très illogique, je le sais — mais ineffable et infini…

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Le soir, à la nuit tombée, après que j’ai longtemps erré, par les tristes petites rues, dans la ville sarrasine où les couronnes de feux du ramadan viennent de s’allumer autour des minarets des mosquées, — une attirance me ramène lentement vers le Saint-Sépulcre.

Il y règne une obscurité différente de celle du jour ; les gerbes de rayons, les lueurs blanches ont cessé d’y descendre par les meurtrières des coupoles ; mais, plus nombreuses, les lampes y sont allumées, les lampes d’argent et les lampes d’or, les milliers