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petites portes funèbres dans des trous de tombeaux ; des vieilles femmes aux yeux fous, aux joues ruisselantes de larmes, remontent des souterrains noirs, venant de baiser des pierres de sépulcres…



Dans une obscurité profonde, on descend à la chapelle de Sainte-Hélène, par un large escalier d’une trentaine de marches, usé, brisé, dangereux comme une ruine éboulée, et bordé de spectres accroupis. Nos cierges, en passant, éclairent ces êtres vagues, immobiles, couleur de la paroi du rocher, qui sont des mendiants estropiés, des fous rongés d’ulcères ; sinistres tous, le menton dans les mains, les longs cheveux retombés sur le visage. — Parmi ces épouvantes, un jeune homme aveugle, enveloppé de ses magnifiques boucles blondes comme d’un manteau, beau comme le Christ auquel il ressemble.

Tout en bas, la chapelle de Sainte-Hélène, après la nuit qu’on vient de traverser entre deux rangées de fantômes, s’éclaire de grands rayons de jour, qui arrivent pâles et bleuâtres par les meurtrières de la voûte. C’est un des lieux les plus étranges assurément de tout cet ensemble qui s’appelle le Saint-Sépulcre ; c’est là qu’on éprouve, de la façon la