Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII

Samedi, 31 mars.

La pluie va finir. Le ciel s’égoutte tristement et montre de premières déchirures bleues. Il fait humide et froid, l’eau ruisselle partout le long des vieilles murailles.

À pied, avec un Arabe quelconque pour guide, je m’échappe seul de l’hôtel, pour courir enfin au Saint-Sépulcre. C’est dans la direction opposée à celle des Dominicains, presque au cœur de Jérusalem, par des petites rues étroites, tortueuses, entre des murs vieux comme les croisades, sans fenêtres et sans toits. Sur les pavés mouillés, sous le ciel encore obscur, circulent les costumes d’Orient, turcs, bédouins ou juifs, et les femmes drapées en fantômes, musulmanes sous des voiles sombres, chrétiennes sous des voiles blancs.