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durant notre période nomade, tandis que des Syriens, marchands d’ « articles de Jérusalem », nous encombrent d’objets de piété, en bois ou en nacre… Gethsémani, le Saint-Sépulcre, le Calvaire, est-ce que vraiment tout cela est bien réel, et près de nous, dans cette même ville ?… Nous remettons à plus tard de voir, à cause de ce ciel désolant qui ne s’éclaircit pas ; d’ailleurs nous sommes sans hâte, inconsciemment retenus peut-être par la crainte des déceptions suprêmes…



Sur le soir, cependant, nous quittons l’hôtel pour la première fois : le consul général de France, M. L…, est venu nous offrir, avec la plus charmante bonne grâce, de nous mener entre deux averses chez les Pères Dominicains, qui habitent le voisinage en dehors des murailles et qui, dit-il, voudront bien sans doute consentir, sur sa prière, à être nos guides très éclairés dans la ville sainte.

Une banlieue, quelconque comme le salon de l’hôtel, et que bientôt la pluie recommence à rayer de ses petites hachures grises.

Pendant une éclaircie, la porte de Damas nous charme au passage. C’est la plus farouche et la plus