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s’apaise et change, les rancunes se fondent et on entrevoit les renoncements qui purifient ; devant le moindre crucifix de bois, les cœurs hautains et durs se souviennent, s’humilient et conçoivent la pitié. Il est l’évocateur des incomparables rêves et le magicien des éternels revoirs. Il est le maître des consolations inespérées et le prince des pardons infinis.

Et, en ce moment, si étrange que cela puisse paraître venant de moi, je voudrais oser dire à ceux de mes frères inconnus qui m’ont suivi au Saint-Sépulcre : Cherchez-Le, vous aussi ; essayez… puisqu’en dehors de Lui il n’y a rien ! Vous n’aurez pas besoin pour Le rencontrer de venir pompeusement à Jérusalem, puisque, s’il est, Il est partout. Peut-être le trouverez-vous mieux que je n’ai su le faire… Et d’ailleurs, je bénis même cet instant court où j’ai presque reconquis en Lui l’espérance ineffable et profonde, — en attendant que le néant me réapparaisse, plus noir, demain.


FIN