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contentent des objections fournies par l’étroite logique humaine, pour oser conclure quoi que ce soit, dans un sens ou dans l’autre, au milieu de l’insondable mystère de tout…

Je sais bien, il y a l’infini de l’espace, de la matière et des mondes, que l’Évangile semble n’avoir pas soupçonné… Et même, dans l’hypothèse admise d’un Dieu s’occupant du rien qu’est la Terre, s’occupant des plus infimes riens individuels que nous sommes, tant de difficultés subsistent encore : en premier lieu, la multitude des âmes amoncelées depuis la nuit des origines, et puis ces âmes inférieures qui se tiennent au-dessous de nous, vagues et inquiétantes, sur les limites mal déterminées de l’animalité…

Le Mal et la Mort, nous arrivons presque à admettre qu’ils soient nécessaires, comme pierres de touche où s’éprouvent les âmes ; — et puis, sans cela, il n’y aurait pas la sublime pitié.

La Rédemption déroute notre raison davantage, et, pour ma part, je ne sais plus voir la nécessité de ce moyen ; les graves paroles sur ce sujet inscrites en lettres d’or au couronnement de la mosquée d’Omar sont la précise formule de mon doute : « Lorsque Dieu a décidé une chose, il n’a qu’à dire : Sois, et elle est. » Mais le Christ — (oh ! ce que je vais