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Et, de nouveau, d’autres viennent encore, qui ont les mêmes yeux d’humilité et de foi…

Après tout, on a bien fait de marquer ce lieu précis, même si c’est une pieuse imposture ; pour les travaillés et les chargés, il y a une indicible joie à venir pleurer là. Et d’ailleurs, si le Christ les voit, ces pauvres prosternés qui prient, que lui importe l’erreur sur la place, pourvu que leur cœur se fonde de reconnaissance et d’amour, sur ce rocher, en souvenir de son agonie.

Oh ! ils ont choisi la bonne part, ceux-là qui, sans comprendre, adorent… Et faire comme eux ne serait peut-être pas tout à fait impossible encore aux plus compliqués et plus clairvoyants que nous sommes ; faire comme eux, non plus par simplicité — car on ne redevient pas simple, hélas ! — mais au contraire par un effort supérieur de notre raisonnement. Car les dogmes inadmissibles, les symboles vénérables, mais vieillis, tout cela n’est pas le Christ, n’est que l’héritage des précédentes générations naïves, — et l’inanité de ces choses ne prouve rien contre lui. Lui, demeure inexplicable toujours et quand même, pour qui prend la peine de sonder en conscience les textes de l’Écriture ; et alors, tant que l’énigme subsiste, l’espoir peut durer aussi. Oh ! ils sont bornés et puérilement présomptueux, ceux qui se