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masses noires effondrées indiquent la présence des mendiants, des estropiés, des paralytiques, qui sont ici des hôtes éternels. Au-dessous du nuage d’encens qui, là-haut, recueille encore un peu de la lumière des coupoles, l’odeur de cadavre traîne, pesante et fade.

Par les détours, qui me sont familiers à présent, je refais jusqu’en bas, jusqu’à l’étrange crypte profonde de sainte Hélène, le même trajet qu’au lendemain de mon arrivée à Jérusalem, mais avec un cœur infiniment différent et plus durci, où l’émotion première, hélas ! ne se retrouve pas.

Ensuite, revenu près du Sépulcre, je monte presque involontairement l’escalier qui mène à la chapelle haute, sur le Golgotha…



Et là même pourtant, dans ce lieu des extases et des sanglots, il ne me semble pas que rien en moi puisse s’émouvoir encore. Tranquillement, j’examine l’autel, les trois croix dressées, les trois grandes images des pâles crucifiés qui se détachent en avant d’une sorte d’arc-en-ciel de vermeil ; puis, le plafond très bas, naïvement peint comme un ciel bleu où sont des étoiles d’or et des anges, et des lunes à