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dans l’écœurant ennui d’un salon d’hôtel par temps de pluie, entre les éternels marchands d’objets de piété et les odieuses petites tables de lecture où posent les derniers journaux d’Europe.



Puis, vers le soir, les averses calmées, je m’en vais par les ruelles tristes où les toits s’égouttent ; sous le ciel encore tourmenté, je me dirige vers le Saint-Sépulcre une dernière fois, ramené vers ce lieu par un sentiment qui ne se définit plus.

C’est l’heure plus désolée du crépuscule, l’heure où les lampes de nuit n’éclairent pas encore les basiliques, où tout est laissé dans l’obscurité, — et d’ailleurs presque sans surveillance, comme si, en pareil lieu, des profanations, des sacrilèges ne pouvaient jamais être osés.

Près de l’entrée, sur la « pierre de l’onction », une mère a posé son enfant de quelques mois et, avec un sourire de joie confiante, elle l’y fait rouler doucement, pour que toutes les parties de son petit corps aient touché le marbre saint.

Plus loin, il fait sombre, sombre, — et je vais à tâtons, frôlant des groupes indistincts, qui marchent sans bruit. Contre les piliers, contre les colonnes, des