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plus rare, il y a une morne réverbération de soleil sur le pavage blanc et sur les édicules secondaires, portiques ou mirhabs, dont le sanctuaire est entouré.

À cette plus grande lumière d’aujourd’hui, elle semble avoir vieilli, l’incomparable mosquée d’Omar. Elle garde toujours le brillant de ses marbres et de ses ors, les reflets changeants de ses mosaïques, les transparences de pierreries de ses verrières ; mais ses treize siècles se lisent, à je ne sais quoi de déjeté, de poussiéreux que le soleil accentue ; elle a l’éclat atténué des belles choses près de finir ; elle fait l’effet presque de ces vieux brocarts somptueux, qui tiennent encore, mais qu’on oserait à peine toucher.

Sous le grand rocher noir qui est au centre, on peut descendre, par des marches de marbre, dans une sorte de grotte obscure et infiniment sainte, à laquelle se rattache une légende mahométane sur l’ange Gabriel. La voûte, très basse, en est polie par le frottement des mains où des têtes humaines, — et là encore, on prend conscience d’années sans nombre.



Les sanctuaires des musulmans ne causent jamais, comme les sanctuaires chrétiens, l’émotion douce