Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fantômes à voix de crécelle : tout au bout de la rue là-bas, elles tournent, — et c’est au Saint-Sépulcre qu’elles vont tout droit, de leur pas délibéré et rapide, dans le premier élan de leur extase barbare.



Avant de quitter Jérusalem, je veux aujourd’hui pénétrer une dernière fois dans l’enceinte sacrée des musulmans, revoir la merveilleuse mosquée d’Omar, en rester au moins — faute de mieux, hélas ! — sur le souvenir de cette splendeur.

En s’y rendant, il faut passer devant le Saint-Sépulcre, aux abords duquel, plus que jamais aujourd’hui, la foule se presse. Et, passant là, je veux y entrer aussi, pour l’adieu.

Mais, le péristyle franchi, quand je tente de contourner le grand kiosque de marbre, des soldats turcs en armes me barrent le passage. Ce sont eux qui maintiennent l’ordre ici, qui font respecter, le sabre à la main, les conventions séculaires entre les chrétiens des confessions ennemies. Et aujourd’hui, la place est aux Abyssins et aux Cophtes ; couvert d’ornements d’un archaïsme étrange, un évêque au visage noir officie pour des centaines de