Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des gens qui accompliraient clandestinement une mauvaise besogne, d’enfouir celui-là.



Et enfin, après tant d’hésitations qui ont allongé ma route, c’est le Gethsémani maintenant, ses oliviers et ses tristes pierres. Près du couvent endormi des Franciscains, je suis monté et je m’arrête, dans un lieu que les hommes destructeurs ont laissé à peu près tel qu’il a dû être aux anciens jours.

Je dis au janissaire, pour être seul : « Assieds-toi et reste là ; tu m’attendras un peu longtemps, une heure peut-être, jusqu’à ce que je t’appelle. » Puis, je m’éloigne de lui assez pour ne plus le voir et, contre les racines d’un olivier, je m’étends sur la terre.

Cependant, aucun sentiment particulier ne se dégage encore des choses. C’est un endroit quelconque, un peu étrange seulement.

En même temps que moi, ont semblé monter, là-bas en face, sur le versant opposé de la vallée des morts, les murailles de Jérusalem ; le ravin, au fond duquel passe le Cédron, m’en sépare ; le ravin, ce soir vaporeux et blanc, sous l’excès des rayons lunaires ; et, au-dessus de ces bas-fonds d’un aspect