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fleurons dorés du couronnement ; ils sont tout ce qu’il y a d’un peu gracieux dans ce temple lamentable. Le soleil printanier, qui tombe à flots au dehors sur les immondices des pavés, sur le bois centenaire des devantures closes, entre ici comme à regret, avec un rayonnement triste sur ces quelques vilains vieillards et sur toutes ces places vides.



Cette nuit qui vient, — et qui est presque la dernière, puisque je quitte après-demain matin Jérusalem, — je veux pourtant la consacrer au Gethsémani, bien que je sois plus que jamais sans espoir à présent…

Depuis tant d’années, j’y avais songé, à une nuit passée là, dans le recueillement solitaire !… Longtemps, après le triste exode de ma foi, j’avais fondé encore sur ce lieu unique je ne sais quelle espérance irraisonnée ; il m’avait semblé qu’au Gethsémani je serais moins loin du Christ ; que, s’il avait réellement triomphé de la mort, ne fût-ce que comme une âme humaine très grande et très pure, là peut-être plutôt qu’ailleurs ma détresse serait entendue et j’aurais quelque manifestation de lui… Et j’y vais ce soir avec un cœur de glace et de fer ; j’y vais par acquit