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même des colonnes arrachées jadis à la mosquée d’Omar, et d’ailleurs très reconnaissables. À Jérusalem, où tout est confusion de débris et de splendeurs, ces échanges ne surprennent plus ; au fond de nos esprits, est assise la notion des tourmentes qui ont passé sur cette ville aujourd’hui au calme de la fin, la notion des bouleversements inouïs qui ont retourné vingt fois son vieux sol de cimetière…

Dans une sacristie, revêtue d’extraordinaires faïences sans âge, le prêtre d’Arménie qui nous guide, tout à coup s’exalte et s’indigne contre ce Khosroës II, le terrible, qui, afin de ne rien omettre dans ses destructions, passa cinq années ici à ruiner de fond en comble les églises, à briser tout ce qui ne pouvait être enlevé, qui emmena en captivité plus de cinq mille moines et emporta jusqu’au fond de la Perse la vraie croix. Comme c’est étrange, à notre époque, entendre quelqu’un qui frémit au souvenir de Khosroës !… Plus encore que cette mise en scène dont nous sommes ici entourés, cela nous fait perdre pour un instant toute notion du présent siècle.



Suivant le cérémonial d’Orient, quand nous quittons la vieille basilique si vénérable, un jeune diacre