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des citadelles du moyen âge, occupent presque la moitié du mont Sion, dont l’autre partie, celle du levant, appartient aux Israélites.

Avant de commencer notre promenade dans ce quartier très spécial, nous voulons faire une visite de remerciement à Sa Béatitude le Patriarche, et, dans une salle de réception grande comme une salle de palais, on nous fait entrer pour l’attendre. Il arrive bientôt par une porte dont la tenture est soulevée presque rituellement par deux prêtres en capuchon noir, et il s’assied près de nous sur son trône. Il a une tête admirable sous l’austère capuchon de deuil, des traits fins d’une ascétique pâleur, une barbe blanche de prophète, des yeux et des sourcils d’un noir oriental. Dans son accueil, dans son sourire, dans toute sa personne, une grâce distinguée et charmante, et une nuance d’étrangeté asiatique. Au milieu de ce cérémonial et de ce lieu anciens, il a l’air d’un prélat des vieux temps. Il nous reçoit d’ailleurs à la turque, — avec le café, la cigarette et la traditionnelle confiture de roses.

En plus de l’église et des couvents, le quartier arménien renferme une immense et antique hôtellerie capable de contenir près de trois mille pèlerins, entre des murailles de trois ou quatre mètres d’épaisseur, avec des silos à provisions et une citerne pouvant