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— comme à tant d’autres qui sont en cela mes frères : on s’imagine ne plus rien croire, mais tout au fond de l’âme subsiste encore obscurément quelque chose de la douce confiance des ancêtres. Et maintenant que le Christ est tout à fait inexistant, tout à fait perdu, les figures vénérées et chéries, qui s’étaient endormies en Lui, me font l’effet de s’en être allées à sa suite, de s’en être allées dans un recul plus effacé ; je les ai perdues, elles aussi, davantage, sous une plus définitive poussière. Après la vie, comme dans la vie, pour moi tout est fini plus inexorablement…



Je dois passer mes heures d’aujourd’hui au milieu des représentants de cette attachante Arménie, dont l’histoire n’a cessé, depuis l’antiquité, d’être tourmentée et douloureuse.

Si le Trésor des Grecs est assez difficilement ouvert aux visiteurs, celui des Arméniens ne l’avait même jamais été jusqu’à ce jour ; et, pour obtenir qu’il nous fût montré, il a fallu les aimables instances de notre consul général auprès du bienveillant Patriarche.

Les concessions arméniennes, fortifiées comme