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mides mystérieusement sculptées, parmi les petits kiosques funéraires, aux fines ogives, qui vieillissent et s’écroulent. C’est la partie exquise de la vallée de Josaphat, toute cette zone des cimetières arabes, en pente rapide depuis le pied des grands remparts du Haram-ech-Chérif jusqu’aux profondeurs où le Cédron se cache.

La lumière s’en va. Et les pâtres bédouins rentrent vers Siloë, avec de mélancoliques ritournelles de musette… Sur la fin de mon errante promenade, je me souviens que c’est aujourd’hui vendredi ; alors une curiosité de désœuvré me ramène, à travers les solitudes de la ville basse, jusqu’à ce mur des pleurs où j’étais vendredi dernier.

Dans les ruelles qui y conduisent, encombrées de chiens morts, de chats morts, d’immondices de toute sorte, je rencontre une foule qui s’y rend aussi, par intérêt moqueur, tout un pèlerinage napolitain escorté de moines, hommes et femmes ayant sur la poitrine la croix rouge, comme ces hordes bruyantes qui, dans notre Midi français, se rendent à Lourdes.

Au pied du mur du Temple, j’arrive avec ce flot profane. Vieilles robes de velours, vieilles papillotes grises, vieilles mains levées pour maudire, ils sont là fidèlement, les anciens d’Israël, qui bientôt s’en iront féconder les herbes de la vallée de Josaphat ;