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vrait-on, çà et là accroché au flanc des collines, quelque berger bédouin gardant des chèvres. Elle est vide et sombrement recueillie. À travers son silence, des appels d’oiseaux, — et puis, en différents points des lointains, le petit martelage sec et sonore des sculpteurs de tombes, éternellement occupés ici à la vaine besogne de graver des noms sur des pierres ; les cimetières de cette vallée ne chôment jamais et la terre y travaille jour et nuit à absorber des cadavres. D’abord je m’étais arrêté pour la regarder d’en haut, de l’angle surplombant des murailles du temple. Maintenant, j’y descends, plongeant dans les tristesses d’en bas, par les petits sentiers envahis d’herbes et piqués d’anémones rouges ; la grande ombre des remparts de Jérusalem y descend avec moi, semble m’y suivre, très vite allongée, à mesure que le soleil s’en va. Au milieu des tombes, c’est, de jour en jour, un plus grand luxe de fleurs — un luxe du reste qui sera très éphémère, en ce pays tout de suite desséché, tout de suite brûlé dès le printemps.

J’ai devant moi maintenant les trois mausolées si étrangement funèbres, les tombeaux de saint Jacques, d’Absalon et de Josaphat, les trois grands monolithes de granit rougeâtre qui président à l’assemblée des pierres tombales. Et, à deux pas, il y