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les combles de la chapelle haute, toute d’argent et d’or, que les Grecs ont établie en ce lieu. Et il nous arrête là, dans une sorte d’antique couloir, bas de plafond et demi-obscur, la règle absolue interdisant l’entrée du Trésor ; devant nous est dressée une table recouverte d’un tapis blanc et on commence à nous apporter une à une les pièces d’ancienne orfèvrerie, — tandis que, sous nos pieds, aux étages d’en dessous, les cierges brûlent, l’encens fume et les éternelles prières chantent. À chaque tour, il en a son faix, d’or et de pierreries, le prêtre aux longs cheveux de femme qui est préposé au va-et-vient entre nous et le Trésor : dons sans prix, faits, dans l’élan des reconnaissances mystiques ou dans le remords des crimes, par des rois et des reines du temps passé ; grands évangiles dont les couvertures sont d’épaisses plaques d’or alourdies de diamants et de rubis ; étuis de plomb ou de fer, imitant des têtes de scaphandres, qui contiennent des tiares d’or surchargées d’émaux et de pierres précieuses. Il y a aussi des icones, des plateaux, des buires et des ciboires. Il y a une quantité de croix — pour bénir les foules, avec de lents gestes d’évêques, aux jours de pompes superbes ; chacune d’elle renferme, au milieu d’un amas de pierres enchâssées, un petit morceau du bois où fut cloué Jésus ;