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ineffable et unique, au refuge des refuges, dans la certitude absolue des éternels revoirs, dans la vie et dans la lumière…

Les clairons turcs sonnaient dehors le réveil étrange. Ma prière s’enfuit dans l’irréel, dans l’impossible, me laissant plus claire et plus inexorable cette lucidité qui est spéciale aux recommencements de la vie de chaque jour.



Et je me rappelai qu’on m’attendait aujourd’hui de bonne heure au Saint-Sépulcre, pour me montrer, grâce à la bienveillance du patriarche, le Trésor des Grecs, très difficilement ouvert.

Depuis notre arrivée, c’était le premier matin vraiment ensoleillé et chaud. Jérusalem étalait la mélancolie de ses ruines au gai printemps moqueur. Sur la petite place hautement murée du Saint-Sépulcre, parmi le marché aux perpétuels chapelets, on avait apporté déjà quelques premières gerbes de belles palmes vertes, pour cette fête des Rameaux qui s’approche.

En un point de l’église sombre, par d’étroits petits escaliers, le Custode des richesses merveilleuses nous fait monter au-dessus même du calvaire, dans