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gieux effroi la nuit, quand on s’y promène seul, et on y sent planer toute l’horreur de ce grand nom légendaire : la vallée de Josaphat !…

Ils attendent, les morts, par légions, sous leurs innombrables pierres, — et les siècles passent, et les millénaires passent, — et elle tarde à sonner, la trompette du Jugement, et on n’entend point dans les airs voler les terribles archanges du réveil. Mais les corps pourrissent, les os ensuite tombent en poussière, et à leur tour s’émiettent les granits des tombes ; dans un même néant peu à peu tout se fond, avec une inexorable tranquillité lente. Et la vallée se fait toujours plus oubliée, toujours plus silencieuse…