Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sitôt l’obscurité venue sur Jérusalem, pèlerins et touristes restent enfermés dans les couvents ou les hôtels, et la ville alors se retrouve plus elle-même, aux lueurs de ses antiques petites lanternes.

Il y a, en dehors des murs, une sorte de chemin de ronde que, chaque soir, je suis dans l’obscurité, jusqu’à la vallée de Josaphat où il descend se perdre ; il contourne le mont Sion, en longeant, à travers une absolue et funèbre solitude, les hauts remparts crénelés, depuis la porte de Jaffa jusqu’à celle des Moghrabis ; puis, en un point où les murailles se brisent à angle vif pour remonter vers le nord, il semble se dérober, tomber, plonger dans le noir — et on a devant soi le gouffre d’ombre où tant de milliers de morts attendent… attendent que l’heure de joie et d’épouvante sonne au bruit éclatant de la dernière trompette



Là, je m’arrête et je rebrousse chemin, remettant de continuer ma route aux très prochains soirs où le croissant aura pris plus de force et où l’on y verra assez dans la sombre vallée pour y descendre.

Si, en plein jour, toute cette partie de Jérusalem est déjà lugubre, elle devient presque un lieu de reli-