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et qui me tire par le bras, qui me poursuit de sa plainte, en me tâtant, pour se conduire, avec ses mains effroyables… Derrière un pilier, résonne une toux horriblement creuse ; une pauvre vieille cosaque — une pèlerine, celle-ci — est effondrée dans ce coin, malade, finie, son bâton et son rosaire à la main, buvant quelque soupe à une écuelle…

Et, au-dessus d’eux, vaguement brille, comme un givre d’argent et d’or qui tomberait des voûtes, la profusion des saintes lampes. Et partout, dans l’obscurité qui s’épaissit, étincellent les marbres, les icones avec leurs pierreries, les inutiles et somptueuses choses qui font de ce lieu un palais de rêve, ouvert aux plus misérables de cette terre…

Par groupes, marchant sans bruit, avec un excessif respect, les pèlerins, les pèlerines, remontent des parties lointaines et obscures des sanctuaires ; en se retournant plusieurs fois, avec des saluts, des signes de croix, ils s’en vont lentement comme à regret, — et, avant de se décider à franchir les portes, reviennent sur leurs pas, comme n’ayant point encore assez salué, assez remercié le ciel et le Sauveur ; se prosternent au hasard pour baiser quelque chose de plus dans ce saint lieu, une dalle, le marbre d’un autel ou la base d’un pilier…

Sous le nuage d’encens, qui se tient immobile à