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étroite, entre les hautes constructions démantelées, déchirées, aux airs de sombres ruines, qui sont l’extérieur de cet amas de chapelles. Et les pèlerins piétinent le marché de chapelets qui se tient là par terre, couvrant les vieux pavés d’un éternel étalage de verroteries.

C’est l’heure où les Russes et les Grecs sortent des basiliques à l’approche de la nuit, après avoir tout le jour prié, tout le jour embrassé les pierres saintes.

Le calme de chaque soir commence à se faire dans le dédale obscur du Saint-Sépulcre. Les vendeurs de petits cierges sont partis ; alors, il faut regarder à ses pieds, aller à tâtons comme les aveugles, pour ne pas trébucher sur les dalles usées, pour ne pas tomber, dans les descentes, sur les marches informes.

Par places, un peu de lumière descendue des coupoles indique encore le délabrement de ces murailles qui, jusqu’à hauteur d’homme, sont écorchées, rongées, grasses de frottements de mains et de baisers.

Toujours les mendiants, les mendiants macabres se tiennent là, demi-nus sous des haillons, accroupis contre des colonnes, dans des poses de bêtes. Il y en a un qui se lève, — un vieillard sans yeux, —