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leçon de simplicité que Jésus est venu donner au monde ! Certes, ils sont intéressants, ces prélats ; leurs cérémonies, leurs monuments et leurs trésors font revivre les époques de la foi aveugle et souveraine. Mais, tout ce passé des cultes magnifiques, chacun sait de reste qu’il a existé, et d’ailleurs il ne prouve rien ; sa reconstitution ne peut être qu’un vain amusement pour l’esprit. Derrière ce Christ conventionnel, que l’on montre ici à tous, derrière ce Christ trop auréolé d’or et de pierreries, trop rapetissé pour avoir passé pendant des siècles à travers tant de cerveaux humains, la vraie figure de Jésus s’efface maintenant à mes yeux plus que jamais ; il me semble qu’elle fuit davantage, qu’elle est plus inexistante. Durant les premières heures émues de l’arrivée, à Bethléem et au Saint-Sépulcre, sous le seul rayonnement de ces noms magiques, il s’était fait en moi comme un réveil de la foi des ancêtres… Ensuite, c’est dans la mélancolique campagne, ou dans les ruines exhumées des voies hérodiennes, qu’un reflet de Lui encore m’était apparu ; mais quelque chose de déjà plus terrestre, d’à peine divin et d’à peine consolant… Et maintenant, c’est fini… Aujourd’hui, en rentrant à Jérusalem, après ces trois jours d’absence, j’ai revu froidement le lieu du Grand Souvenir, — et ma visite au Trésor des Franciscains,