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quelque retour heureux de la Mecque, on a peinturluré, suivant l’usage, des arabesques naïves, bleues, jaunes et roses.

Çà et là, dans les décombres et sous les herbes, gisent des fragments de colonnes, débris des églises des premiers siècles ou du grand couvent des croisades. On nous montre, attenant à une humble mosquée, un faux tombeau de Lazare ; ailleurs, de très contestables ruines de la maison de Marie et de Madeleine… Mais non, rien de tout cela n’est pour nous émouvoir ; les souvenirs terrestres du Christ ne se retrouvent vraiment plus ici ; il est trop tard, des mains humaines trop nombreuses ont bouleversé la Béthanie de l’Évangile, avant la venue de ses tranquilles habitants d’aujourd’hui.



Sitôt après Béthanie, nous découvrons la vallée de Josaphat, et Jérusalem aussi reparaît, intacte de ce côté-ci, superbe et désolée, profilant très haut sur le ciel sa muraille sarrasine, que dépassent ses coupoles grises.