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rement voilées de blanc, assises sur des petits ânes. De nonchalants dromadaires passent aussi, portant sur le dos des choses immenses et légères qui leur font à chacun comme les ailes éployées d’un papillon : sortes de paniers, que recouvrent des étoffes rouges tendues sur des cerceaux d’osier et dans lesquels voyagent commodément d’invisibles dames.



Sur la route, le village de Béthanie, où Jésus aimait venir, est au penchant d’une montagne, entouré de quelques oliviers, de quelques figuiers et de champs magnifiquement verts. Très misérable petit village, aujourd’hui tout arabe ; maisonnettes en ruine, informes écroulements de pierres. Le vent froid des hauteurs y souffle en ce moment, agitant les branches, les herbes folles, le velours des orges nouvelles. Et des milliers de coquelicots, d’anémones, le long des petits chemins ou sur les vieux murs, jettent leurs vives taches rouges.

Nous mettons pied à terre au milieu d’enfants en haillons charmants, accourus pour tenir nos chevaux. Et c’est devant un vieux portique ogival, enduit de chaux blanche, sur lequel, pour célébrer