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Les montagnes vont peu à peu verdir à mesure que nous approcherons de Jérusalem. Pour le moment, de blanchâtres qu’elles étaient tout en bas, elles sont devenues fauves et, sur leurs croupes arrondies, il y a comme un mouchetage étonnamment régulier de petites broussailles brunes ; on dirait qu’on les a recouvertes avec de géantes peaux de léopard.



Depuis tantôt deux heures, nous montons ; la nature des roches est changée ; l’air est plus froid et une légère teinte verte commence à s’étendre. Comme si elle s’était abîmée en profondeur, la mer Morte a disparu au-dessous de nous avec les régions maudites d’alentour.

Sur la route, continue le défilé des passants. Maintenant, c’est tout un pèlerinage de paysans cypriotes qui se rend au Jourdain, hommes, femmes et enfants, montés sur des mules ou des ânes. Puis, derrière eux, des barbes blondes ou rousses et des bonnets de fourrure : des Russes, des centaines de Russes, très âgés pour la plupart, et quand même cheminant à pied ; des moujiks à cheveux blancs et des vieilles femmes à lunettes, épuisées, branlantes. Protégés par leur pauvreté même contre les attaques