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Vers le milieu du jour, nous sommes rentrés à Jéricho, d’où nous ne repartirons que demain matin, et il nous reste les heures tranquilles du soir pour parcourir la silencieuse oasis.

Une sorte de grand bocage mélancolique où souffle un air extraordinairement chaud et où vivent, grâce à la dépression profonde du sol, des bêtes et des plantes tropicales. Halliers, fouillis d’arbres verts, d’arbustes plutôt et d’herbages, le faux-baumier ou baumier-de-Galaad, le pommier-de-Sodome et le spina-Christi aux épines très longues, qui, suivant la tradition, servit à composer la couronne de Jésus.

Aux temps antiques, c’était ici une contrée de richesse et de luxe, comme de nos jours la Provence ou le golfe de Gênes, et on y faisait des jardins merveilleux, renommés par toute la terre. Salomon y avait acclimaté les premiers baumiers rapportés de l’Inde. L’eau, amenée de tous côtés par des canaux, permettait d’entretenir de grands bois de palmes, des plantations de cannes à sucre et des vergers pleins de roses. Toute cette plaine était « couverte de maisons et de palais ».

Aujourd’hui, plus rien, et les traces même de cette