Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continuel tremblement des lointains. Nous y retrouvons aussi une bande de Bédouins à peu près semblables à nos amis du désert, avec leurs chemises aux longues manches pointues flottant comme des ailes, avec leurs petits voiles bruns qu’attachent au front des cordelières noires et dont les deux bouts se dressent sur les tempes comme des oreilles de bête. Du reste, ces bords de la mer Morte, surtout du côté méridional, sont, presque autant que l’Idumée, hantés par les pillards.



On sait que les géologues font remonter aux premiers âges du monde l’existence de la mer Morte ; ils ne contestent pas cependant qu’à l’époque de la destruction des villes maudites, elle dut subitement déborder, après quelque éruption nouvelle, pour couvrir l’emplacement, de la Pentapole moabitique. Et c’est alors que fut engloutie toute cette « Vallée des bois », où s’étaient assemblés, contre Chodorlahomor, les rois de Sodome, de Gomorrhe, d’Adama, de Séboïm et de Ségor (Genèse, XIV, 3) ; toute cette plaine de Siddim « qui paraissait un pays très agréable, arrosé de ruisseaux comme un jardin de délices » (Genèse, XIII, 10). Depuis ces temps loin-