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Le Jéricho d’aujourd’hui se compose d’une petite citadelle turque ; de trois ou quatre maisons nouvelles, bâties pour les pèlerins et les touristes ; d’une cinquantaine d’habitations arabes en terre battue, à toitures de branches épineuses, et de quelques tentes bédouines. Alentour, des jardins où croissent de rares palmiers ; un bois d’arbustes verts, parcouru par de clairs ruisseaux ; des sentiers envahis par les herbages, où des cavaliers en burnous caracolent sur des chevaux à longs crins. Et c’est tout. Au delà du bois commence aussitôt l’inhabitable désert ; et la mer Morte se tient là, très proche, étendant son linceul mystérieux au-dessus des royaumes engloutis de Gomorrhe et de Sodome. Elle est d’un aspect bien spécial, cette mer, et, ce soir, bien funèbre ; elle donne vraiment l’impression de la mort, avec ses eaux alourdies, plombées, sans mouvement, entre les déserts de ses deux rives où de grandes montagnes confuses se mêlent aux orages en suspens dans le ciel.