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s’est réuni et condensé sur leurs cimes, tandis que du bleu plus pur et plus magnifique s’étend au-dessus de nos têtes.

À mi-route de Jéricho, nous faisons la grande halte dans un caravansérail où il y a des Bédouins, des Syriens et les Grecs ; puis, nous remontons à cheval sous un ardent soleil.

De temps à autre, dans des gouffres béant au-dessous de nous, très loin en profondeur, le torrent du Cédron apparaît sous forme d’un filet d’écume d’argent ; son cours ici n’a pas été troublé comme sous les murs de Jérusalem et il s’en va rapidement vers la mer Morte, à demi caché au plus creux des abîmes.

Les plans de montagnes continuent de s’abaisser vers cette étrange et unique région, située au-dessous du niveau des mers et où sommeillent des eaux qui donnent la mort. Il semble qu’on ait conscience de ce qu’il y a d’anormal en ce dénivellement, par je ne sais quoi de singulier et d’un peu vertigineux que présentent ces perspectives descendantes.

De plus en plus tourmenté et grandiose, le pays maintenant nous rend presque des aspects du vrai désert. Mais il y manque l’impression des solitudes démesurées, qu’on n’éprouve pas ici. Et puis il y a toujours cette route tracée de mains d’hommes, et