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XIV

Samedi, 7 avril.

Un bruit de cloches d’église nous suit longtemps dans la campagne solitaire, tandis que nous nous éloignons à cheval, au frais matin, vers Jéricho, vers le Jourdain et la mer Morte. La ville sainte très promptement disparaît à nos yeux, cachée derrière le mont des Oliviers. Il y a çà et là des champs d’orges vertes, mais surtout des régions de pierres et d’asphodèles. Pas d’arbres nulle part. Des anémones rouges et des iris violets, émaillant les grisailles d’un pays tourmenté, tout en rochers et en déserts. Par des séries de gorges, de vallées, de précipices, nous suivons une pente lentement descendante : Jérusalem est par huit cents mètres d’altitude et cette mer Morte où nous allons est à quatre cents mètres au-dessous du niveau des autres mers.