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qui chevrotent en cadence, au dandinement rapide des corps :

— À cause du temple qui est détruit, s’écrie le rabbin,

— Nous sommes assis solitaires et nous pleurons ! répond la foule.

— À cause de nos murs qui sont abattus,

— Nous sommes assis solitaires et nous pleurons !

— À cause de notre majesté qui est passée, à cause de nos grands hommes qui ont péri,

— Nous sommes assis solitaires et nous pleurons !

Et il y en a deux ou trois, de ces vieux, qui versent de vraies larmes, qui ont posé leur bible dans les trous des pierres, pour avoir les mains libres et les agiter au-dessus de leur tête en geste de malédiction.

Si les crânes branlants et les barbes blanches sont en majorité au pied du Mur des Pleurs, c’est que, de tous les coins du monde où Israël est dispersé, ses fils reviennent ici quand ils sentent leur fin proche, afin d’être enterrés dans la sainte vallée de Josaphat. Et Jérusalem s’encombre de plus en plus de vieillards accourus pour y mourir.