Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’émane, bien plus que des myriades de petites tombes pareilles semées dans l’herbe, l’immense tristesse de cette vallée du Jugement dernier. Tous trois sont monolithes, taillés à même et sur place dans les rochers. Il n’y a plus rien là dedans ; depuis des siècles, ils ont été vidés de leurs cadavres et de leurs richesses ; par leurs ouvertures, entre leurs colonnes doriques, ce que l’on aperçoit à l’intérieur, c’est le noir de dessous terre, l’obscurité sépulcrale ; cela leur donne la même expression que celle de ces têtes de mort qui ont en guise d’yeux des trous noirs, et ils ont l’air de regarder devant eux, éternellement, dans la sombre vallée. Non seulement ils sont tristes, mais ils font peur…



Maintenant, nous allons traverser le lit du Cédron, par une sorte de petite chaussée, de petit pont d’une haute antiquité, qui n’a pas été détruit ; puis, sur l’autre versant, nous monterons par des sentiers jusqu’à la grande muraille d’en haut, pour rentrer dans Jérusalem.

— « La veille de la Passion, nous dit le Père blanc, lorsque le Christ, sortant de la ville, monta au Gethsémani, il est probable qu’il passa ici même,