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tées de chèvres, serpentant sur les parois abruptes des ravins.

Les abords du Gethsémani que nous venons de quitter, et qui étaient si animés tout à l’heure sur le passage de l’archimandrite, se sont vidés à l’approche du soir. Dans la vallée de Josaphat, il n’y a plus que nous — et, au loin, quelques pâtres bédouins qui rassemblent leurs troupeaux en jouant de la musette.

Nous cheminons dans les derniers replis d’en bas, vers Ophel, suivant le cours desséché du Cédron ; ici, il n’est plus qu’un mince ruisseau, le torrent dont parle l’Évangile, et son lit d’ailleurs a été en partie comblé par tout ce qui y est tombé de là-haut, à des siècles d’intervalle : décombres, ruines de murailles, éboulements de ce temple tant de fois saccagé et détruit. Le soleil s’en va, s’en va, nous laissant plonger de plus en plus dans l’ombre froide, tandis qu’une lueur rouge d’incendie éclaire encore la hauteur mélancolique de Siloë et le faîte du mont des Oliviers.

Nous sommes arrivés tout auprès de ces trois grands mausolées qui se suivent et qu’on appelle les tombeaux d’Absalon, de Josaphat et de saint Jacques. Je ne sais ce qu’il y a dans leur forme, dans leur couleur, dans tout leur aspect, de si étrangement triste ; le soir, cela s’accentue encore : c’est d’eux sans doute