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La forme générale des montagnes, naturellement, est demeurée immuable. Dans nos plus proches alentours, sur ce versant oriental par lequel nous descendons, gît la multitude infinie des tombes d’Israël. Là-bas, derrière nous, Siloë, amas de ruines et de cavernes sépulcrales, aujourd’hui repaire de Bédouins sauvages, regarde aussi dans la sombre vallée où nous sommes. Sur notre gauche, l’antique Ophel, à l’abandon, n’est plus qu’une colline couverte d’oliviers et de vestiges de murailles. Et devant nous, tout en haut, couronnant le versant opposé au nôtre, les grands murs crénelés de Jérusalem se dressent, d’un gris sombre, droits et uniformes dans toute leur longueur ; en leur milieu seulement, dans un bastion carré qui s’avance, une porte d’autrefois se dessine encore, murée sinistrement. C’est le côté du Haram-ech-Chérif, de l’Enceinte Sacrée, et cette partie des remparts n’enferme que l’esplanade déserte de la mosquée bleue ; aussi ne voit-on rien apparaître au-dessus de ces interminables rangées de créneaux — comme s’il n’y avait, par derrière, que du vide et de la mort. Rien non plus à l’extérieur ; ces abords du sud-ouest de Jérusalem sont comme ceux d’une nécropole oubliée ; ni passants, ni voitures, ni caravanes, ni routes ; à peine quelques sentiers solitaires parmi les tombes, quelques mon-