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tandis que le Christ s’était éloigné d’eux dans le jardin, « à la distance d’un jet de pierre », pour se recueillir et prier dans l’attente de la mort. C’est sous cet abri que Jésus revint par trois fois les éveiller et qu’il fut environné enfin par la troupe armée, accourue avec des lanternes et des flambeaux pour se saisir de lui.

Cette voûte de rochers, qui se tient là, muette sur nos têtes, a vu ces choses et les a entendues…



Pour entrer au jardin de Gethsémani, qui est situé à quelques pas plus loin, au flanc du mont des Oliviers, il faut frapper à la porte d’un couvent de moines franciscains qui gardent jalousement ce lieu.

Un jardinet mignard, entouré d’un mur blanc sur lequel on a peinturluré un Chemin de Croix. Huit oliviers — millénaires, il est vrai, sinon contemporains du Christ, — mais enfermés derrière des grilles pour empêcher les pèlerins d’en détacher des rameaux ; alentour, des petites plates-bandes qu’un frère est occupé à ratisser et où poussent de communes fleurs de printemps, des giroflées jaunes et des anémones… Plus rien du Grand Souvenir ne persiste en cet endroit banalisé ; des moines ont